Toxic Somalia

Déverser une tonne de déchets toxiques le long des côtes somaliennes ne coûte que 2,50 dollars. C’est la décharge la moins chère du monde, et une source de bénéfices confortables pour les Occidentaux. Mais ces polluants anéantissent les ressources maritimes, provoquent des malformations génétiques et des cancers chez les enfants… Afin de protéger leurs côtes et tout simplement de survivre, les Somaliens ont abandonné la pêche et se sont tournés vers la piraterie. Parallèlement, les réseaux mafieux responsables des trafics d’armes et de déchets prospèrent…


Suite au tsunami de décembre 2004 qui a ravagé les côtes thaïlandaises, les Somaliens voient arriver des fûts remplis de produits hautement toxiques; certains sont même radioactifs. Des décès suspects sont observés et des maladies apparaissent. L’enquête démarre sur ces plages souillées. Elle nous mène à l’ hôpital de la capitale, Mogadiscio, où des enfants présentent cancers et malformations diverses telles que des malformations de l’appareil uro-génital, des maladies de peau, ou encore des yeux. Aucune analyse des causes et aucune étude médicale n’a été faite jusqu’à aujourd’hui. Une certitude demeure cependant au sein de la population : des étrangers sont venus déposer des déchets toxiques sur les côtes du pays. L’enquête menée par Paul Moreira dévoile en effet cette triste réalité. Des fûts toxiques ont bel et bien été largués au large du pays par des navires œuvrant pour des pays occidentaux, notamment pour le compte de grandes entreprises chimiques.

“Le problème des déchets en Italie paraît tellement insoluble que le fait d’aller déverser des déchets toxiques en Afrique semble arranger tout le monde”, constate Paul Moreira.

La journaliste Ilaria Alpi enquêtait sur un trafic d’armes entre l’Italie et la Somalie dans les années 90. Elle a été assassinée avec son caméraman Miran Hrovatin en 1994 en plein cœur de Mogadiscio. Cet assassinat intervient après un entretien poussé et des questions dérangeantes à un chef milicien sur le contenu des bateaux qu’il gérait. Des années plus tard, on découvre que la journaliste avait vu juste. Non seulement un trafic d’armes a lieu, mais en plus un trafic de déchets toxiques fait rage. Les bateaux de la société italienne SHIFCO que mentionne Ilaria dans son dernier entretien fournit en armes les miliciens du président somalien del’époque, Ali Mahdi. En échange, ce dernier accepte d’enfouir les déchets le long de la côte somalienne. La police italienne arrivera à infiltrer un agent au sein de ce commerce mafieux de 1997 à 2000. Cependant, la justice italienne n’ira pas jusqu’au procès du réseau de la SHIFCO. Différents acteurs s’interrogent sur l’origine de cette inaction…

Toxic Somalia nous mène dans le monde de la mafia italienne, des pirates somaliens et des déchets toxiques. Cette enquête présente bien les différents aspects du trafic de déchets vers l’Afrique ou Haïti. Elle montre les différents intervenants : mafieux, pirates, repentis, malades, business men, ONG et journalistes lanceurs d’alertes que personne n’écoute…Paul moreira réussit à dévoiler ce que d’autres ont payé de leur vies. Les plus grands industriels ont longtemps déversés leurs déchets dans la plus grande impunité : à ce jour, aucun des industriels soupçonné de déverser des déchets toxiques sur les côtes d’Afrique de l’Est n’a été inquiété…


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Article du site rfi : “Toxic Somalia : l’autre piraterie”, documentaire sur le trafic des déchets toxiques en Somalie

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